Le Caducée (Bugho 2)

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En bref...

Le caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm)

Au début des années 2000, au Cap Corse, dans moins de 10 m de profondeur à Cala Francese, un rarissime caducée en bronze à têtes de griffons a été découvert. 

La présence, à proximité de cette pièce, de quelques pièces de céramiques datables comme le caducée du VIe-Ve siècle avant notre ère évoquent la probable présence d’une épave, dénommée Bugho 2, dans une zone qui a dû servir de mouillage  pendant des siècles. 

 

Histoire du site

Le caducée a été découvert dans les années 2000 par un amateur, Pierre Lacombe, et fut signalé au DRASSM en 2001, avant sa déclaration officielle en 2003. La découverte de plusieurs fragments de céramique, dont certains  qui pourraient lui être contemporains, rend probable l’hypothèse d’un gisement archéologique homogène, une épave d’époque archaïque non précisément localisée dans la zone.  

Les prospections menées à Cala Francese par Gilles Leroy de la Brière (FFESSM) en 2010 et 2011 ont permis la découverte de céramiques qui révèlent la présence d’une zone de mouillage au pied de l’oppidum du Monte Bugho. 

Cargaison, mobilier et vie à bord

Le Caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm)

Le caducée en bronze est une pièce exceptionnelle présentant deux têtes de griffons affrontées, le corps enroulé autour d’une tige. Cette dernière, qui pouvait être en bois ou en fer, n’a pas été retrouvée. Dans la même zone ont été trouvées des céramiques qui rappellent la cargaison d’une autre épave exceptionnelle, celle de la Pointe Lequin 1A à Porquerolles (530-510 avant notre ère).

Le caducée est avant tout l’emblème des hérauts, comme nous l’apprend Diodore (V.75, 1-2)  et des messagers et/ou des ambassadeurs. Symbole de paix très ancien, en temps de guerre, il représente une sorte de drapeau blanc chez les Grecs et les Romains et rend le héraut intouchable.

Le caducée a eu une vaste diffusion en Méditerranée. Cette pièce retrouvée en mer pourrait indiquer le naufrage d’un navire provenant de Grèce ou de Grande Grèce dans lequel voyageait un héraut qui pouvait avoir des fonctions diplomatiques.

Même si d’autres têtes d’animaux sont connues, la version la plus commune est composée de deux têtes de serpents affrontés.  Le caducée découvert dans les eaux du cap Corse semble être le seul exemple attesté de caducée avec des griffons. Ces créatures fabuleuses, à tête et bec d’aigle avec un corps de lion ailé, sont préposées à la garde d’immenses trésors, comme celui d’Apollon. Le griffon est par conséquent l’emblème de la vigilance et est lié à cette divinité.

Les prérogatives du héraut, ne se limitent pas aux guerres ou tensions entre peuples, royaumes ou cités. Il revêt aussi des charges plus humbles, à caractère diplomatique et civil.

À partir du VIIe siècle avant notre ère, la route commerciale principale de Méditerranée occidentale passe par les îles de la Toscane pour rejoindre la côte orientale de la Corse, qu’elle longe jusqu’au cap Corse pour se diriger ensuite vers la Gaule méridionale et la Catalogne. Cette route reste prépondérante jusqu’au début de l’Empire romain, soit à la fin du Ier siècle avant notre ère. De fait, au niveau du cap Corse, de nombreuses épaves témoignent de cet itinéraire maritime.

Le bateau et son gréement

Aucun élément de la coque n’a été retrouvé, ni mobilier lié à la dotation de bord ou d’accastillage. Seules l’homogénéité et la rareté du mobilier mis au jour permettent d’interpréter le gisement comme une épave potentielle. 

Pays France
Aire marine protégée Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l'Agriate
Département Haute-Corse
Commune Rogliano
Lieu-dit
Code EA 30-1997
Nature du site Autre gisement
Chronologie Antiquité
Indicateur de période Mobilier
Structures
Mobilier Amphores :
Céramiques :
Autre : Caducée
Lieu d'exposition
Contexte Géologie : roche et posidonie
Situation : immergé
Profondeur : moins de 10 m
Historique des recherches Déclaration : P. Lacombe
Expertise:
Opérations: Gilles le La Brière
Commentaires
Rédacteur Franca Cibecchini, Marie-Brigitte Carre

Bibliographie essentielle

  • CIBECCHINI Franca, Catalogue des œuvres, Secrets d’épaves : 50 ans d’archéologie sous-marine en Corse catalogue d’exposition, Bastia, , 2017, 108-109
  • CIBECCHINI Franca, La Corse : une île au carrefour des routes maritimes, in : musée de Bastia, Secrets d’épaves : 50 ans d’archéologie sous-marine en Corse catalogue d’exposition, Bastia, 2017, 19-24.

Pour approfondir

  • GOBLOT-CAHEN Catherine, S’habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome (II). Le héraut entre l’éphèbe et le satyre, Revue historique, n° 2 - 642, 2002, 259-283.
  • ALLEGRINI-SIMONETTI Franck, Calvi Mémoire d’un port, Secrets d’épaves : 50 ans d’archéologie sous-marine en Corse catalogue d’exposition, Bastia, 2017, 24
  • AMPOLO Carmine, Diplomazia e identità culturale delle comunità : la testimonianza dei caducei, in : AMPOLO Carmine, VAGGIOLI Maria Adelaide, Guerra e pace in Sicilia e nel Mediterraneo antico (VIII-III sec. a.C.). Arte, prassi e teoria della pace e della guerra, Pise, Edizioni della Normale Superiore, 181-195
  • LONG Luc, POMEY Patrice, SOURISSEAU Jean-Christophe (dir.), Les Étrusques en mer : épaves d'Antibes à Marseille. Catalogue d'exposition (Musée d'histoire de Marseille, 30 septembre 2002-1er février 2003), Edisud, Exposition, Musée d'histoire de Marseille 2002, Aix-en-Provence 2003., Marseille, 2002, 139 p.

Photos

Le caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm) Le Caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm) Le caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm) Le caducée, Bugho 2 (© Stéphane Cavillon/Drassm)